Un vélodrome en Haute-Savoie – pourquoi ne pas opter pour un autre choix !

En réaction au projet d’organisation des championnats du monde de cyclisme en 2027 et surtout du projet de vélodrome Haut-Savoyard, j’admets qu’effectivement les collectivités territoriales peuvent investir dans de grands projets qui marquent leur époque, de la pyramide du Louvre, au musée Vuitton[1] voir aux grands stades de type Zénith. L’idée de consacrer une faible partie du budget à un grand projet ne me choque pas en soit. Au regard du budget global du département de 1.483 milliard d’euros, la dépense, bien qu’importante, n’est pas astronomique d’autant que l’on parle en grande partie d’un investissement. Il faut aussi reconnaître les efforts financiers entrepris par le département qui l’ont conduit à investir 4 milliards d’euros en 10 ans. Mais 100 millions d’euros, dont 50 millions pour un équipement sportif, dont la pratique n’est pas commune dans notre département et dont la pérennité ne nous a pas été démontrée, cela ne correspond pas à une bonne gestion des deniers publics. Cette somme représente environ 25% de la moyenne annuelle des investissements réalisés ces dix dernières années !
On peut se louer d’avoir un bassin de population de plus d’un million d’habitants, mais cela reste faible pour assurer la survie d’un vélodrome, même si on l’adapte pour accueillir d’autres événements (concerts, sports pouvant entrer dans cette arène tels que le tennis, le judo, la gymnastique, le hockey ou encore la natation[2] …). Cette attractivité serait également érodée par l’existence des anneaux d’Aigle et de Genève ce dernier venant d’être rénové même s’il ne répond aux normes pour accueillir les championnats du Monde.
Je trouve par ailleurs, aussi naturel que des élus aient envie de marquer leur passage en réalisant quelque chose de différent, quelque chose qui marquerait les esprits en inscrivant dans la mémoire collective un souvenir de leur présence à la tête du département.
Je partage aussi les avis de nombreux intervenants qui ont exprimé le souhait de consacrer les 7 % du budget de fonctionnement alloué à cette candidature – en fait 0.23% si l’on admet que cette réalisation est un investissement amortissable sur 30 ans – à plus de ressources pour les aides à la personne, à la construction de collèges, d’Ephad ou encore de routes ou de pistes cyclables.
Nos décideurs départementaux semblent être animés par d’autres desseins, je leur propose une approche plus pérenne susceptible de générer plus de ressources à terme tout en respectant leur souhait de réaliser un investissement différent.
Avec un budget, pas si éloigné de ce projet de vélodrome et de ces championnats du Monde, mon rêve est d’avoir l’équivalent du musée Guggenheim à Bilbao. Selon Wikipedia[3], la construction de ce musée a été décidée par le gouvernement basque et les autorités de Biscaye afin de donner une autre image à la région et à la ville qui, après avoir été plongée dans un marasme économique dû à la reconversion de l’industrie lourde[4]. Le coût du musée a été de 100 millions de dollars. Un accord signé entre les autorités politiques et la Fondation Guggenheim[5] a la responsabilité des collections et de leur gestion ; en quelque sorte un partenariat public-privé.
Tout comme la Fondation Gianadda[6] à Martigny, le musée basque crée un afflux très important de touristes parfois plus attirés par le plaisir de contempler le bâtiment que par la visite des collections.
En 2017, le musée Guggenheim a vendu 1’322’611 billets[7] à des visiteurs venant de nombreux pays : 13 % de Français, 7 % d’Anglais, 5 % d’Allemands et bien entendu 17 % d’Espagnols. Ceci a permis de générer un PIB équivalent à 433,7 millions d’euros pour la région. Fort du succès de cette opération, une extension (bien que contestée) est envisagée dans un site naturel proche de la ville.
Certes, le Pays basque n’a pas investi dans des écoles, des routes ou des Ephad, mais les élus ont assuré un revenu annuel approximativement quatre fois supérieur à l’investissement initial.
Si nous avions une approche similaire en Haute-Savoie, cela permettrait de proposer des activités complémentaires autant aux touristes d’hiver que d’été sans oublier les habitants de la région.
Cette activité culturelle ne dépend pas des aléas saisonniers et pourrait être une proposition d’activité lors des périodes de faible enneigement ou de pluie en été.
La localisation de ce type d’équipement doit pouvoir se faire à distance (x>10 km) des spots touristiques actuels afin de répartir les flux touristiques sur le territoire. Tout comme Bilbao, il doit exister dans la vallée de l’Arve des friches industrielles qui ne demandent qu’à être converties.
Si vous pensez que cette idée mérite d’être étudiée, partagez et likez ce texte.
Si vous pensez que l’idée d’allouer autant d’argent pour un vélodrome, vous pouvez aussi le faire savoir notamment en signant la pétition lancée sur ce sujet sous https://www.change.org/p/non-%C3%A0-un-v%C3%A9lodrome-en-haute-savoie
[1] https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr
[2] Voir l’exemple des championnats d’Europe de natation au vélodrome de Berlin en 2014. https://www.ffc.fr/app/uploads/sites/3/2019/09/Guide-animation-velodrome.pdf
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Guggenheim_%28Bilbao%29
[4] Nous avons également quelques signaux inquiétants tant pour le tourisme hivernal que pour la reconversion des entreprises de mécatronique dans la vallée de l’Arve.
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_John-Simon-Guggenheim
[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_Gianadda
[7] https://www.tourmag.com/Musee-Guggenheim-Bilbao-record-d-affluence-en-2017_a90907.html
Journée mondiale du tourisme – 2021

Aujourd’hui c’est la journée mondiale du tourisme. Une industrie qui doit se réinventer en prenant en compte les risques sanitaires et ceux liés au réchauffement climatique. Il me semble également important que les attentes des populations locales soient mieux prises en compte. #tourisme #tourismedurable
Travail ou vacances, faut-il choisir ?
Philippe CLARET, rédacteur en chef de l’Eco Savoie Mont-Blanc, nous fait l’honneur de dédier son édito de cette semaine (27/08/21) : « L’économie de nos territoires alpins peut-elle bénéficier du télétravail ? ». Il reprend notre thèse selon laquelle les frontières entre les lieux de travail, de loisir, de résidence et de vacances pourraient dans certains cas disparaitre. Merci à lui !

L’économie de nos territoires alpins peut-elle bénéficier du télétravail ? /

Avec le soutien de Claudia BENASSI-FALTYS, Lucilia CARDOSO et René NANTUA, j’ai publié en Mai dernier un livre blanc « L’économie de nos territoires alpins peut-elle bénéficier du télétravail ? Quels en seraient les apports pour la création d’un tourisme plus raisonné et les virages numériques nécessaires. » Ce livre blanc défend la thèse qui consiste à affirmer que le télétravail peut être bénéfique pour les territoires alpins. Cette thèse implique un changement de paradigme concernant les lieux de vie et lieux de travail tel que nous les avons connus jusqu’à ce jour.
Nous avons défini la notion de WORKCATION et de workcationistes ; une nouvelle clientèle polyforme qui pourrait être une solution pour réduire l’exode des habitants permanents dans les stations et surtout présenter de nouvelles formes de contribution à l’économie des massifs montagneux exposés aux risques climatiques. Après avoir présenté quelques expériences conduites en différents points du Globe, nous proposons aux responsables de la stratégie et du marketing des entités touristiques de segmenter la population en 6 catégories en observant que 3 sont liées au développement du télétravail :
- Les résidences principales
- Des personnes travaillant dans la station
- Des personnes travaillant dans les villes et villages voisins permettant un AR chaque jour (X<~40 km)
- Les workcationistes, une forme nomades numériques (ou Digital nomads) qui choisissent d’allier vacances et travail.
- Les télétravailleurs (remote workers) pouvant considérer de choisir les stations comme résidence principale.
- Les touristes dont la durée moyenne de séjour est au niveau national inférieur à 5 jours,
- Les résidents secondaires dont la présence pourrait devenir plus fréquente avec les possibilités de télétravail.
- Les travailleurs saisonniers.
Ce livre blanc est téléchargeable gratuitement sous https://www.cyberstrat.net/WP_Tourisme_Workcation.pdf
Pour que 2021 soit l’année du rebond

Le Tourisme restant un centre d’intérêt pour moi, j’emprunte un texte de l’Organisation Mondiale du Tourisme pour mes vœux 2021 tant la situation est difficile pour cette industrie. Pour 2021, « il est maintenant temps de repenser les règles de quarantaine pour les touristes. Adopter l’innovation et de nouvelles solutions pour tester les voyageurs avant ou après leur voyage. Parallèlement à cela, les restrictions aux déplacements doivent être assouplies ou levées de manière responsable et coordonnée dès qu’elles sont sûres et réalisables. »Ce vœu vient s’ajouter à ceux plus traditionnels, mais quoi qu’il en soit, je souhaite plus que tout que 2021 soit une année de rebond.
STRATÉGIE TOURISTIQUE DU BHOUTAN ET TOURISME DURABLE DANS LES ALPES.
Le Bhoutan est une petite royauté de 800’000 habitants, situé dans l’Est de la chaîne de l’Himalaya, enclavé entre l’Inde au sud, à l’est et à l’ouest-sud-ouest et la Chine. Ce Royaume a la particularité d’avoir promu une mesure du bien être de sa population : le Bonheur National Brut ou BNB et de recevoir 274’097 visiteurs en 2018.[1].
En juin 2019, l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO) a tenu une conférence[2] dans ce pays afin de faire le point du développement touristique de la région asiatique, le Royaume du Bhoutan étant particulièrement soucieux de conserver ses valeurs et son attrait. Le thème des échanges était la définition d’une stratégie de tourisme durable. Ou pour conserver l’esprit anglophone de la conférence : « integration of Sustainable Consumption and Production patterns (SCP) Into tourism policies ». Les conclusions de ce colloque m’apparaissent intéressantes à plus d’un titre pour devenir une source d’inspiration pour la définition de stratégies touristiques dans nos environnements alpins si fragiles et j’écris ces lignes en pensant particulièrement à notre belle ville d’Annecy.
Les participants ont dans un premier temps rappelé la définition du tourisme en insistant sur le fait que cette industrie concerne avant tout les habitants et les territoires ainsi que les interactions qui peuvent exister entre les deux. Une stratégie de tourisme durable suppose donc que les interactions entre les acteurs (touristes et locaux) ne reposent pas uniquement sur une production de services et d’argent, mais également sur un respect mutuel et un partage de la responsabilité de la protection des us et coutumes des locaux, de la destination et de son environnement.
Dans ce pays comme dans les pays de Savoie, le tourisme est une source de revenus non négligeable et, dans le cas du Bhoutan, il est en pleine expansion.
Les participants, pour la plupart des dirigeants du tourisme des pays de la région, ont recommandé en conclusion de leurs réflexions sous l’égide de l’ UNWTO que des mesures d’impacts, positifs et négatifs, soient régulièrement entreprises ; l’objectif étant d’adapter les stratégies afin d’assurer à la population locale les principaux bénéfices.
Alors qu’une liste de candidats aux élections municipales envisage qu’une « charte d’excellence pour un tourisme responsable »[3] soit proposée aux socioprofessionnels du secteur, il pourrait être utile de s’inspirer des recommandations de l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO). Une approche reposant sur 17 indicateurs de « Sustainable Development Goals » (SDG) pour mesurer les objectifs en ce domaine est proposée par cette ONG. Le tourisme est plus particulièrement concerné par les objectifs N°12 « Responsible Consumption and Production » (RCP) comprenant l’analyse des effets en termes de consommation d’énergie, d’eau, de production de déchets, de gestion de la biodiversité et des effets sur l’emploi et la qualité de vie de la population locale à l’image du Bhoutan.
[1] https://www.tourism.gov.bt/uploads/attachment_files/tcb_xx8r_BTM%202018%20_final.pdf
[2] https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284421312
[3] https://www.reveillonsannecy.fr/programme/economie/