10 facteurs pour stimuler l’innovation pour le tourisme

10/06/2017 – La semaine dernière, un panel de 25 professionnels du tourisme s’est réuni à Sierre (Valais – Suisse) pour réfléchir autour du thème de l’innovation en matière touristique. Ce petit groupe issu de différents horizons géographiques (Belgique, Canada, France et Suisse) répondait à une invitation de Jean-Luc BOULIN Directeur de la Mission des Offices de tourisme de la Nouvelle Aquitaine (MONA) pour les 6ème francophonies du e-tourisme

Durant 3 jours, les ateliers et échanges d’expériences se sont succèdés. Dans le même temps, quelques membres étaient chargés de conceptualiser le processus d’innovation de chacune des expériences présentées. Ceci les a conduits à identifier 10 facteurs ayant un impact sur l’existence, la nature et l’ampleur de cette innovation.

Avant de présenter les 10 facteurs identifiés par le groupe d’experts, Isabelle RAWART, Digital Stratégiste pour la Wallonie, a précisé que les innovations étaient largement dépendantes de 3 éléments :

3 éléments favorisant l'innovation

– Les talents disponibles

– Le terreau

– Le potentiel de l’innovation

L’émergence d’innovations se trouve donc favorisée lorsque ces trois éléments sont optimisés. Un terreau favorable, des perspectives positives pour l’innovation en elle-même et la présence de talent au sein des écosystèmes concernés. Autant d’élément que nous retrouvons en faisant l’inventaires des 10 facteurs

Je reprends ici dans l’ordre de leur présentation les 10 facteurs en les commentant et justifiant ces choix avec quelques éléments complémentaires de mon cru. :

  1. Leadership: A l’aulne des travaux du psychologue Jean PIAGET la présence d’un LEADER (convaincu, meneur, visionnaire, rassembleur, animateur, idéateur, manager agile et révélateur de talents et de potentiels humains) est nécessaire. Cette personne sera à l’origine d’un processus de leadership adaptatif[1] afin que des solutions novatrices soient imaginées.
  2. Sans stratégie définie et écrite, il ne peut y avoir de vision commune, d’objectifs et de cibles à atteindre et donc pas de roadmap.
  3. Un sentiment de confiance doit exister pour permettre l’activation et la mobilisation des personnes impliquées dans les écosystèmes interne et externe autour de valeurs partagées
  4. Le terreau doit avoir une attitude sensible à l’ouverture matérialisée par une perméabilité au changement, à la transparence, à l’accueil de la nouveauté et la volonté de casser les silos si nombreux au sein de l’industrie touristique. Ceci implique l’acceptation de la diversité et de la mixité culturelle. Je crois ainsi que c’est l’une des conditions primordiales pour la mise en œuvre des packages dynamiques qui sont l’un des socles du tourisme expérientiel.
  5. L’innovation suppose avant tout que les écosystèmes acceptent la notion de risque et de l’échec. Cela passe par des attitudes audacieuses, souvent de nouveaux apprentissages qui ne peuvent être mis en œuvre sans une évaluation continue. Evaluation qui entraînera souvent la création de nouveaux indicateurs statistiques. Bref, le droit à l’erreur est également un facteur important du processus d’innovation.
  6. A juste raison, Jean-Luc BOULIN, directeur du MONA me déclarait en aparté qu’historiquement l’industrie du tourisme a été organisée autour de la notion de ‘destination’. On peut aujourd’hui se demander si cela est toujours pertinent, les différentes strates des DMO ayant été créées à une époque où les touristes étaient moins mobiles qu’aujourd’hui. Les clients ont changé et changent toujours avec leurs besoins. La prise en compte de leurs retours d’expériences devrait primer sur les organisations territoriales. Ainsi dans les Alpes, des charters entiers de touristes asiatiques atterrissent à Zurich et des cohortes de visiteurs transitent par Lucerne, Interlaken, Zermatt, Genève, Chamonix et quelques fois par Annecy, Turin ou Paris.Dans ce cas la notion de territoire a-t ’elle encore un sens ? Oui s’il on parle au nom de l’Europe ou des Alpes. Sans doute beaucoup moins au niveau d’un OT local. Les plus curieux d’entre vous visiteront le site du programme « Silk Road » de l’UNWTO. Un programme supra national concernant plusieurs pays et donc de nombreuses destinations. Mais encore plus intéressant, a l’aulne de la faiblesse du rôle des DMO vous découvrirez que Tripadvisor devient l’un des promoteurs[2] de cette expérience touristique. N’est-ce pas là une remise en cause du rôle des OT. Par ailleurs, il ne s’agit pas seulement d’analyser le comportement des acheteurs mais essayer de convaincre des prospects qui n’ont donc pas encore été qualifié de client. Prospects qui ne peuvent plus être considérés comme une masse non discriminée, mais qui nécessitent d’avoir une « approche client » de plus en plus individualisée. C’est souvent en les écoutant que de nouvelles innovations voient le jour en sachant que les techniques du marketing prédictif et du « marketing automation » permettent de proposer des expériences touristiques mieux adaptées aux attentes. Des concepts et outils permettent, par exemple, à la station de ski de Val Thorens de décliner un slogan marketing percutant et efficace : « de l’or banc aux clients en or ! ». En effet, les résultats sont impressionnants : + 474€ de valeur client, 2,8 fois plus de taux de retour, une consommation multipliée par 2.9 pour les clients traqués (ils seraient plus de 800’000…).
  7. L’émergence d’innovations au sein d’une communauté, au-delà des apports d’un leader, est souvent la résultante d’apports externes. C’est ce que Joël DE ROSNAY appelle Le Macroscope - Joël de Rosnayl’antientropie dans son approche d’une vision globale des systèmes (Le Macroscope). En effet sans l’intégration d’expertise, de nouvelles compétences l’intelligence collective aura plus de difficulté à évoluer voire à diminuer sous les effets entropiques. Le recours à des formules d’accompagnement financier, technologique et autres domaines favorise aussi l’innovation au sein d’un écosystème.
  8. La pertinence et la qualité de la gouvernance permettant la mobilisation, la mise en réseau, la coopération des acteurs tout en assurant une mutualisation des ressources et leur complémentarité a également été un élément discriminant.
  9. En complément des facteurs de leadership et de gouvernance abordés précédemment, les principes de management moderne (engagement, empowerment, émulation et stimulation de l’environnement) influent naturellement sur l’émergence d’innovations.
  10. Enfin, la possibilité et la volonté de procéder à expérimentations représentent une garantie du bon développement des innovations. Il s’agira alors de tester la mise en œuvre, de trouver des terrains d’expérimentation, de réaliser des tests de marchés, d’évaluer les premiers résultats obtenus et de procéder à des ajustements.

 

 

[1] Selon Wikibéral « le leadership adaptatif est un processus d’interactions intentionnelles des agents humains (isolés ou en groupe) qui génèrent des solutions avancées et novatrices pour répondre aux besoins d’adaptation de l’organisation. Ce leadership adaptatif et flexible produit des idées originales, innovantes et facilitent le changement sans passer par un leadership autoritaire. Plusieurs modèles de leadership adaptatif ont été conceptualisés dont certains portent sur les notions d’assimilation et d’accommodation issues de chez Jean Piaget.

[2] http://cf.cdn.unwto.org/sites/all/files/pdf/travel_trends_guide_ta_final.pdf

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