L’économie de nos territoires alpins peut-elle bénéficier du télétravail ? /

Avec le soutien de Claudia BENASSI-FALTYS, Lucilia CARDOSO et René NANTUA, j’ai publié en Mai dernier un livre blanc « L’économie de nos territoires alpins peut-elle bénéficier du télétravail ? Quels en seraient les apports pour la création d’un tourisme plus raisonné et les virages numériques nécessaires. » Ce livre blanc défend la thèse qui consiste à affirmer que le télétravail peut être bénéfique pour les territoires alpins. Cette thèse implique un changement de paradigme concernant les lieux de vie et lieux de travail tel que nous les avons connus jusqu’à ce jour.
Nous avons défini la notion de WORKCATION et de workcationistes ; une nouvelle clientèle polyforme qui pourrait être une solution pour réduire l’exode des habitants permanents dans les stations et surtout présenter de nouvelles formes de contribution à l’économie des massifs montagneux exposés aux risques climatiques. Après avoir présenté quelques expériences conduites en différents points du Globe, nous proposons aux responsables de la stratégie et du marketing des entités touristiques de segmenter la population en 6 catégories en observant que 3 sont liées au développement du télétravail :
- Les résidences principales
- Des personnes travaillant dans la station
- Des personnes travaillant dans les villes et villages voisins permettant un AR chaque jour (X<~40 km)
- Les workcationistes, une forme nomades numériques (ou Digital nomads) qui choisissent d’allier vacances et travail.
- Les télétravailleurs (remote workers) pouvant considérer de choisir les stations comme résidence principale.
- Les touristes dont la durée moyenne de séjour est au niveau national inférieur à 5 jours,
- Les résidents secondaires dont la présence pourrait devenir plus fréquente avec les possibilités de télétravail.
- Les travailleurs saisonniers.
Ce livre blanc est téléchargeable gratuitement sous https://www.cyberstrat.net/WP_Tourisme_Workcation.pdf
Pour que 2021 soit l’année du rebond

Le Tourisme restant un centre d’intérêt pour moi, j’emprunte un texte de l’Organisation Mondiale du Tourisme pour mes vœux 2021 tant la situation est difficile pour cette industrie. Pour 2021, « il est maintenant temps de repenser les règles de quarantaine pour les touristes. Adopter l’innovation et de nouvelles solutions pour tester les voyageurs avant ou après leur voyage. Parallèlement à cela, les restrictions aux déplacements doivent être assouplies ou levées de manière responsable et coordonnée dès qu’elles sont sûres et réalisables. »Ce vœu vient s’ajouter à ceux plus traditionnels, mais quoi qu’il en soit, je souhaite plus que tout que 2021 soit une année de rebond.
STRATÉGIE TOURISTIQUE DU BHOUTAN ET TOURISME DURABLE DANS LES ALPES.
Le Bhoutan est une petite royauté de 800’000 habitants, situé dans l’Est de la chaîne de l’Himalaya, enclavé entre l’Inde au sud, à l’est et à l’ouest-sud-ouest et la Chine. Ce Royaume a la particularité d’avoir promu une mesure du bien être de sa population : le Bonheur National Brut ou BNB et de recevoir 274’097 visiteurs en 2018.[1].
En juin 2019, l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO) a tenu une conférence[2] dans ce pays afin de faire le point du développement touristique de la région asiatique, le Royaume du Bhoutan étant particulièrement soucieux de conserver ses valeurs et son attrait. Le thème des échanges était la définition d’une stratégie de tourisme durable. Ou pour conserver l’esprit anglophone de la conférence : « integration of Sustainable Consumption and Production patterns (SCP) Into tourism policies ». Les conclusions de ce colloque m’apparaissent intéressantes à plus d’un titre pour devenir une source d’inspiration pour la définition de stratégies touristiques dans nos environnements alpins si fragiles et j’écris ces lignes en pensant particulièrement à notre belle ville d’Annecy.
Les participants ont dans un premier temps rappelé la définition du tourisme en insistant sur le fait que cette industrie concerne avant tout les habitants et les territoires ainsi que les interactions qui peuvent exister entre les deux. Une stratégie de tourisme durable suppose donc que les interactions entre les acteurs (touristes et locaux) ne reposent pas uniquement sur une production de services et d’argent, mais également sur un respect mutuel et un partage de la responsabilité de la protection des us et coutumes des locaux, de la destination et de son environnement.
Dans ce pays comme dans les pays de Savoie, le tourisme est une source de revenus non négligeable et, dans le cas du Bhoutan, il est en pleine expansion.
Les participants, pour la plupart des dirigeants du tourisme des pays de la région, ont recommandé en conclusion de leurs réflexions sous l’égide de l’ UNWTO que des mesures d’impacts, positifs et négatifs, soient régulièrement entreprises ; l’objectif étant d’adapter les stratégies afin d’assurer à la population locale les principaux bénéfices.
Alors qu’une liste de candidats aux élections municipales envisage qu’une « charte d’excellence pour un tourisme responsable »[3] soit proposée aux socioprofessionnels du secteur, il pourrait être utile de s’inspirer des recommandations de l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO). Une approche reposant sur 17 indicateurs de « Sustainable Development Goals » (SDG) pour mesurer les objectifs en ce domaine est proposée par cette ONG. Le tourisme est plus particulièrement concerné par les objectifs N°12 « Responsible Consumption and Production » (RCP) comprenant l’analyse des effets en termes de consommation d’énergie, d’eau, de production de déchets, de gestion de la biodiversité et des effets sur l’emploi et la qualité de vie de la population locale à l’image du Bhoutan.
[1] https://www.tourism.gov.bt/uploads/attachment_files/tcb_xx8r_BTM%202018%20_final.pdf
[2] https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284421312
[3] https://www.reveillonsannecy.fr/programme/economie/
15 ans du Web 2.0 ça méritait bien un livre !
Si j’avais été le seul auteur, j’aurais intitulé ce livre « 33 ans après ! », car je suis tombé dans la marmite de l’Internet en 1987. J’ai eu la chance d’être payé par deux grandes entreprises multinationales pour anticiper les tendances et les évolutions des systèmes d’information. Ainsi, une de mes premières interactions avec le Net date de juillet 1987 [1] alors que j’essayais de comprendre comment les systèmes experts pourraient aider à définir les prix des produits (ce que nous avons fait). Le Web tel qu’on le connait aujourd’hui naîtra trois ans plus tard au CERN. Depuis, les idées de Tim Berners-Lee et du W3C restent une source d’inspiration en particulier en ce qui concerne le Web sémantique. Mais il faut bien reconnaître que ce n’est que fin 2004 qu’à l’occasion d’une conférence d’O’Really le WEB 2.0 fût lancé grâce aussi à quelques évolutions technologiques (Ajax, RSS, SOAP, WDSL…).
Bref, nous venons de passer 15 années durant lesquelles notre façon de travailler, de vendre, de communiquer a radicalement changé. Les technologies (mobile et tablette, 3G ou 4G, médias sociaux, big data, intelligence artificielle, etc.) ont bouleversé nos sphères de vie et notre rapport aux individus, à l’information, aux objets…
Avec grand plaisir j’ai accepté l’invitation de Fadhila Brahimi et David Fayon de rejoindre 56 autres pionniers afin d’explorer rétrospectivement les conséquences du digital sur notre société (économie, politique, juridique, culturel…). Ma contribution est limitée à l’évolution des systèmes d’information touristiques et à anticiper les changements à venir au sein de l’industrie touristique.
Les technologies (mobile et tablette, 3G ou 4G, médias sociaux, big data, intelligence artificielle, Réseau de neurones…) ont bouleversé nos sphères de vie et notre rapport aux individus, à l’information, aux objets…
Nous avons donc publié le 4 mars 2020, « Web 2.0, 15 ans déjà et après ? ». Le but : imaginer 7 pistes de réenchantement pour un futur numérique plus sain et plus responsable face à la domination des géants d’Internet, tant américains GAFA (Google Apple Facebook Amazon) que chinois BATX (Baidu Alibaba Tencent Xiaomi).
Il ne vous reste donc qu’à cliquer sur « Web 2.0, 15 ans déjà et après ? » pour acquérir sans tarder cet ouvrage. L’intégralité des droits d’auteur sera versée à EMMAUS Connect et Startup for kids.

Selon Claudie HAIGNERE[2] qui préface cet ouvrage :
« Les enjeux sont majeurs sur tous les plans évoqués dans ce livre à
plusieurs voix : enjeux géostratégiques, enjeux économiques, enjeux juridiques,
enjeux culturels, enjeux éducatifs, enjeux sociétaux au travail. C’est le monde
de demain qui se dessine. Et il est utile que notre génération accompagne les
intelligences de demain en proposant ce type de rapport d’étonnement : nouveaux
paysages juridiques, nouvelles répartitions entre le soft et le hard power,
nouveaux marchés à conquérir, nouvelles menaces pour notre environnement, etc.
Il est utile que nous puissions faire jouer notre pouvoir d’agir pour faciliter
les transitions, entrer dans des conversations constructives, favoriser les
nouvelles compétences, accueillir lucidement le changement. Ce récit collectif
piloté subtilement par Fadhila
Brahimi et David Fayon,
nous apporte ces regards fiers et lucides des pionniers, à distance et en
recul, pour explorer demain avec intelligence et volonté optimiste ».
[1] https://groups.google.com/forum/#!topic/comp.ai/Umt-I9adfI0
[2] Astronaute à l’European Spacial Agency et pionnière de l’espace en Europe.
QUELLE MOBILISATION GÉNÉRALE POUR SAUVER LES MASSIFS FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?

Pistes de ski de fond de Cogne (IT) a quelques jours des championnats du Monde (21/1/19) © jc morand
Je lis ces derniers jours que les remontées de Mijoux (Ain) ne fonctionneront que 50 jours sur les 100 de la saison et que le président des domaines skiables de France a lancé un appel aux acteurs de la montagne, leur demandant de mutualiser les financements pour sauver les massifs des ravages du changement climatique. Effectivement, les gains des nombreuses activités annexes (VTT, parapente, trail, concerts en altitude…) développées au cours des deux dernières décennies ne suffisent pas à combler le manque de recettes durant l’hiver pour maintenir un flux de touristes qui permettraient aux hôteliers et autres prestataires de survivre dans les stations de basse altitude. Seuls les climato-sceptiques ne sauront reconnaitre l’impact du réchauffement climatique sur les massifs alpins.
Le phénomène n’est pourtant pas nouveau, l’hiver 1989/90 a été marqué par un manque de neige si important que de nombreuses sociétés de remontées mécaniques ont dû se recapitaliser pour affronter les hivers suivants. Cela a été le cas pour la SATELC (La Clusaz) pour laquelle nous avons dû faire preuve d’ingéniosité pour assurer la transition vers des hivers mieux dotés en neige. J’étais alors élu au Conseil municipal de cette station, en charge des finances. Tous les leviers ont été actionnés y compris l’augmentation des impôts locaux pour boucher le trou financier. Depuis cette date, le prix du forfait journalier a aussi pris l’ascenseur notamment pour améliorer en permanence la qualité des pistes et financer la fabrication de la neige de culture. La gestion de l’eau s’est imposée comme une priorité. En cela, l’appel à la mobilisation générale est légitime.
Mais plus importants que les aspects financiers, nous avions conduit une réflexion sociologique afin de déterminer quels modèles économiques pourraient être imaginés si l’or blanc venait à disparaître. C’est ainsi que nous avons organisé un symposium « Neige et Climat » en septembre 1994 sous l’égide du professeur Bailly de l’Université de Genève. J’en étais le secrétaire général et j’ai eu le plaisir d’accueillir 32 scientifiques qui tiraient déjà – pas assez fort – la sonnette d’alarme pour inciter les stations de moyenne montagne à chercher d’autres modèles économiques. Ce que nous avons fait à La Clusaz, mais nous nous sommes heurtés à presque un siècle d’habitudes et d’expertise dans le domaine de la glisse. Alors autant dire que les idées novatrices ont vite rejoint les archives, les premiers flocons revenus les saisons suivantes.
L’une des approches étudiée n’était pas liée au flux touristique (in-coming) car il s’agissait d’exporter le savoir-faire des acteurs locaux en matière de restauration. Le dossier d’étude, bien que financé par le Ministère du Tourisme, n’a malheureusement pas vu le jour à mon grand regret. Aujourd’hui, j’observe que de nombreuses entreprises du pôle OSV naissent et se développent à proximité des pistes. Pour n’en prendre qu’une, je mentionnerai Hästko dont l’objectif et de concevoir et vendre des vêtements techniques pour les cavaliers. On est loin de la poudreuse me direz-vous ! Certes, mais leur activité de conception et de mise en marché permet de créer des emplois dans la vallée de Chamonix tout en étant à un clic des clients. Les usines, comme beaucoup d’autres resteront en Asie ou dans les pays de l’Est. Je pense aussi aux nombreux meublés de tourisme dont le taux d’occupation est faible alors que les étudiants des villes universitaires se saignent pour trouver des colocations à proximité des amphithéâtres. Pourquoi encore les réunir en mode présentiel alors que les communications à très haut débit permettent un enseignement à distance ? Le MBA de l’Ecole Hôtelière de Lausanne, requiert ainsi que 20 % de présence, le 80 % du transfert de connaissance se faisant en ligne. Alors pourquoi ne localiserions-nous pas ce type de formation dans les stations de montagne ?
De fait, je pense qu’une grande partie des activités tertiaires pourraient être localisées aux pieds des pistes. Le Conseil général de la Haute-Savoie avait lancé une campagne de promotion en utilisant cette thématique.
Alors, même si sans argent les opportunités de développement ne sont pas aussi attractives, je préconise que les acteurs des stations doivent sortir de leur carcan des sports d’hiver et imaginer d’autres modèles économiques pour assurer la survie des villages alpins.
Tout cela pour émettre la thèse que le numérique permet une décentralisation des emplois dans les lieux les plus reculés de la Planète y compris dans nos stations de montagne. La principale difficulté n’étant pas le financement, mais la volonté des acteurs locaux d’imaginer d’autres manières de générer des emplois.