Connaissez-vous Mobilalp ?

Annecy, le 8 mars 2006 – Ce n’est pas moins de 2.845’500 € de vos impôts qui sont destinés à aider le Conseil Général de la Haute-Savoie et quelques autres partenaires pour mettre en œuvre des actions destinées à faciliter la circulation dans les Alpes dans le cadre d’un programme Interreg III. Car, de l’Autriche à Nice, nos routes sinueuses s’accommodent mal d’un trafic important. Que cela soit celui des camions ou celui de la cohorte de citadins qui se rendent dans les stations de proximité les dimanches ensoleillés, tous engorgent routes et parkings. D’où l’idée, à première vue bonne, de favoriser l’utilisation des transports en commun.

Là où cela pose problème, c’est que les actions faisant l’objet des expérimentations en cours en Haute-Savoie viennent en concurrence directe avec l’activité historique des ski-clubs citadins qui consiste principalement à organiser des transports collectifs à destination des stations chaque dimanche. Par ailleurs, même si la saison n’est pas encore achevée… il semble qu’en moyenne le nombre de personnes transportées, à l’occasion de cette expérience, pour chaque voyage ait pu se loger dans un bob à quatre. Autant dire, que les seuls gagnants de cette affaire son pour l’instant les transporteurs. Alors vous comprendrez que Monsieur Marmotte trouvent les racines amères au fond de son terrier. Ceci d’autant que pour l’expérience avec les stations des Aravis, ce n’est pas moins de 145’000 € qui sont budgétés pour financer l’opération au départ de l’Espace Rencontre dans l’agglomération annécienne chaque dimanche matin. De quoi a satisfaire les lèves tard !

Ajoutez à cela que vous pouvez acheter vos forfaits à la FNAC et que bientôt, vous n’aurez peut-être plus besoin de passer à la caisse, votre téléphone portable ou un forfait multi-stations doté d’une puce RFID agissant comme sésames pour vous ouvrir les portillons des remontées mécaniques…. Cela d’autant que toutes les stations commencent à affuter leurs armes du marketing moderne en créant des bases de données de skieurs couplées à des techniques de CRM (Customer Relationship Management) et au forfaits électroniques en utilisant comme modèle l’animation des clubs de foot ou des parcs d’attractions (qui ont parfois le même actionnaire !). Ce modèle de gestion a ainsi été mis en œuvre en Angleterre et à Munich par la société Skidata où le « forfait » permet d’accéder à de nombreux services qui dépassent largement le seul contrôle d’accès au parking ou au stade. Si l’investissement trouve sa rentabilité dans les économies liées à la délivrance des forfaits traditionnels, la technologie
permet également une analyse de la consommation des services beaucoup plus fine. Les habitudes des consommateurs peuvent être précisées en terme de parcours sur les pistes, de durée effective de ski et de consommation de produits annexes lorsque le forfait électronique permet de le faire. Ainsi avec un forfait saison multi-site, tout comme la fréquentation des matchs de foot, il est possible de savoir où est quand le skieur c’est rendu. Reste à mettre en œuvre des programmes de CRM pour inciter les moins actifs à consommer un peu plus en leur faisant parvenir des offres personnalisées. Au rythme au quel les stations de ski s’équipent de ces forfaits main libres (une trentaine en 2006 selon un article de Montagne Leaders), nous pouvons nous attendre qu’à une révolution dans la mise en marché des forfaits destinés aux excursionnistes (cours séjours y compris les forfaits d’une journée) comme pour les séjournants. Lors des 4èmes rencontres Nationales de la moyenne montagne les participants ont aussi mis en évidence que s’il était difficile de connaître la clientèle de proximité, la pertinence d’une bonne utilisation de l’outil Internet n’était plus à démontrer. Il faut donc s’attendre à une généralisation des pratiques de Yield Management sur les prix des forfaits qui varieront ainsi au gré de la météo et des taux de remplissage des stations. Pratique très difficile à mettre en œuvre par des clubs de ski de quelques dizaines d’adhérents.

Dans ces conditions, les présidents de club devraient chercher un mandat électoral ailleurs que dans les clubs de ski car la survie de ce mouvement associatif risque d’être mise à mal avec de telles approches.

L’autre alternative serait, pourquoi pas avec l’aide des fonds européens de Mobilalp, qu’ils puissent structurer et professionnaliser leur approche pour prendre en compte les évolutions technologiques et marketing mises en œuvre par les stations. Sur le plan théorique, cela semble possible, car les clubs citadins ont l’énorme avantage de bien connaître la population et de pouvoir agir comme un relais très efficace. Reste que la demande (les clubs et les individuels) est très fragmentée et que le bénévolat à du mal à cohabiter avec des approches aussi techniques. Il faut aussi reconnaître mercantilisme et mouvements associatifs ne forment pas un couple idéal.

Il sera sans doute très intéressant de compter le nombre de skieurs qui auront effectivement pris les bus MobilAlp au moment ou les colchiques auront percés le tapis blanc. Mais, il serait beaucoup plus intéressant que les clubs citadins puissent être en mesure de proposer d’autres alternatives pour contribuer à limiter le trafic routier et pourquoi pas en utilisant les fonds européens comme amorce de leur action. La piste d’un CRM puissant semble plus opportune que celle de l’organisation de flux migratoires concurrente à l’action menée depuis des décennies par les clubs. Cela suppose aussi qu’un standard existe entre les différents fournisseurs de cartes actives (RFID) afin que celles-ci puissent être reconnues par toutes les stations équipées.

En tout état de cause, il apparaît clairement que la volonté de réduire le nombre de voitures ne passe pas par la simple addition de bus sur les routes. D’autres solutions, certes plus sophistiquées, peut-être moins onéreuses et plus efficaces sur le plan écologique peuvent être imaginées.

Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des idées ?

Les photos ont été empruntées à Skidata.com fournisseurs de solutions
(C) Jean-Claude MORAND
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